Dès 7 heures, ce samedi 3 Mai, 3 douzaines de dentellières étaient sur pied pour partir en voyage : destination Giverny, pour y découvrir le jardin de Monet, puis Jouy en Josas afin d’y visiter le musée de la toile de Jouy.
D’avance merci à notre chauffeur qui a su nous y emmener, dans le bus de la ville de Blainville sur Orne, avec la plus grande prudence. Aussitôt arrivées à Giverny, nous nous dispersions dans ce coin de paradis qu’est le jardin du peintre Claude Monet : on comprend qu’il y fut inspiré ! Monet aimait particulièrement peindre la nature contrôlée : son propre jardin, ses nymphéas, son étang et son pont. C’est exactement là qu’a commencé notre promenade. http://www.fondation-monet.com/
Ce Jardin d'eau est asymétrique, japonisant, exotique, romantique, propre à la rêverie.
Saules, tamaris, fougères, rhododendrons, iris, azalées, bambous encadrent l’étang alimenté par l’Epte. L'étang lui-même est planté de toutes les variétés connues de nénuphars.
Un instant, on se prend pour Monet, lui-même...
Certaines de nos dentellières pensaient que le petit tour se terminait, quand, après avoir traversé le souterrain sous "le chemin du Roy", nous nous retrouvâmes dans un clos normand, où les fleurs à foison inondaient les massifs, tantôt roses, tantôt bleues, tantôt jaunes...
Des boutons de partout, des iris éclatants, des couleurs qui en jettent, toute cette profusion d'éclosions printanières … « Subjuguée ! » : c’est le mot employé par Christiane.
| tulipe imitant la pivoine |
Au fond du clos de pommiers roses est nichée la
maison, où vécut de 1883 à 1926 le chef de l’école impressionniste. Pour y accéder, les allées que l’on suit nous éblouissent. Chaque cm2 de massif est en fleurs et distille son parfum en se mêlant….
« Fantastic ! » ???? Ah ! Ce sont des Anglais .. il faut dire que l’on est loin d’être les seules à apprécier cette luxuriance féérique ! A cause des nombreux visiteurs, la maison est encombrée. Dans plusieurs pièces est accrochée la précieuse collection d’estampes japonaises de Claude Monet. Marie-Geneviève nous en rapporte l’anecdote : « En 1871, Monet découvre, selon l’histoire, ses premières gravures dans la petite boutique d’un épicier hollandais , comme papier d’emballage. Il n’avait alors aucune idée non seulement de la valeur de ces reproductions, de l’importance des maîtres japonais qui les avaient créées, mais aussi de l’influence qu’allaient jouer ces pièces sur sa propre oeuvre et sur celle de ses pairs dans le futur. » Cependant, les photos à l’intérieur de la maison sont interdites… Seule, Margaret a eu le privilège d’y fixer une somptueuse orchidée :
Il faut dire que beaucoup d’entre nous ont tant circulé au milieu de ce jardin extraordinaire que les bancs, tout à coup semblent les bienvenus…
Près du jardin est situé le grand Atelier des Nymphéas, transformé en boutique
Allez, avant de quitter cet endroit magique, une petite devinette :
Qui peut me donner le nom de cette tulipe "torturée"?
Et pour ne pas passer du coq à l'âne :
Le nom de Toile de Jouy a été donné à une variété d'iris aux pétales rose saumoné, aux sépales crème, à large bordure mauve et barbe rouge prolongé d'un éperon
A midi, nous reprenions le bus qui nous conduisait à Jouy en Josas… et d’abord au restaurant : c’est Robin des bois qui faisait la cuisine. J’y ai apprécié le coquelet aux pruneaux. Mais ce que l’on a apprécié le plus, c’est d’être ensemble…. et par-dessus tout, notre plaisir fut d’écouter les histoires drôles de Maryvonne.
C’est ensuite que débuta notre visite du musée de la Toile de Jouy.
http://www.jouy-en-josas.fr/infospratiques-musee.php
À l'origine, ce type de toile fut créé dans les ateliers de la manufacture fondée en par 1759 par Christophe-Philippe Oberkampf.( c'est lui !)
Ce sont surtout la variété de ses motifs imprimés qui ont fait sa renommée, et ce grâce à des artistes, des peintres reconnus, comme Jean-Baptiste Huet. cela permit de créer des compositions animées de personnages, racontant de véritables histoires, tirées de faits divers, de romans, Opéras à la mode, ou légendes mythologiques et historiques.
Durant les dix premières années (1760-1770), l'impression à la planche de bois fut la seule technique utilisée, permettant des impressions polychromes. la toile provenant de France , de Suisse, des Indes était d'abord lavée dans l'eau de La Bièvre aux qualités chimiques propices au lavage des toiles, puis battue au fléau pour la débarrasser de son apprêt ; plus tard des batteries mécaniques remplaceront ces manipulations. Une fois séchée elle passait à la calandre pour en aplanir le grain. Au préalable, les motifs avaient été gravés en relief sur les planches de bois. Ce n'étaient pas les couleurs elles-mêmes que l'on imprimait mais des mordants -sels de fer et d'alumine- qui, appliqués sur la toile, permettaient l'obtention des couleurs désirées.
Après l'impression, la toile était plongée dans un bain de bouse de vache afin d'éliminer l'excès d'épaississant, puis lavée. Les toiles passaient ensuite dans un bain de teinture - racine de garance - qui révélait les couleurs sur les parties de toile empreintes de mordants. Par garançage on obtient une gamme de couleurs du rouge foncé au rose tendre, du noir au lilas, violet, bistre… Le fond de la toile devenu rosâtre, celle-ci devait être exposée sur les prés pour blanchir. Le jaune et le bleu étaient imprimés directement sur la toile. Le vert était obtenu par superposition de bleu et de jaune jusqu'en 1808 date à laquelle Samuel Widmer, neveu d'Oberkampf, découvrit le " vert solide " bon teint en une seule application.
Après le travail de finition des pinceauteuses, certaines pièces recevaient un apprêt.
A partir de 1770, l'impression à la planche de cuivre gravée en creux permit les impressions monochromes, ce fut le début des scènes à personnages qui ont rendu si célèbres les toiles de Jouy. En 1783 fut mis en application l'impression au rouleau de cuivre. La machine fonctionnant en continu permettait la production de 5000 mètres par jour. C'était un gain de temps considérable par rapport à la planche de cuivre.
La manufacture, à son apogée en 1806, était la plus importante d'Europe.
La visite de Napoléon et la décoration de la légion d'honneur, couronnèrent la carrière d'Oberkampf, qui mourut en 1815
Du haut de ses quelque 250 ans d'existence, la toile de Jouy n'a pas pris une ride ! Réinterprétée, déclinée, bref modernisée, elle s'invite dans vos intérieurs... et plus seulement sur les textiles : Revêtement mural, chaises, commodes, abat jour, vaisselle, sacs, pyjamas… toute la maison se recouvre de scènes champêtres et de motifs floraux. Et oui, rien n’échappe à la toile de Jouy ! (Seuls, nos porte-monnaie sont réticents!)
Il a fait très beau tout au long de cette journée : ce qui ne gâtait pas le plaisir !
C'est pourquoi quelques unes d'entre nous ont fait un arrêt au salon de thé du château de l'Eglantine (là où se tient le musée).
En souvenir de cette magnifique journée, voilà une dernière dédicace à toutes les amoureuses de ce qui est beau: